Eve Dubois

Tu es une jeune femme plutôt petite, un mètre cinquante pour quarante-deux kilos. Tu as certaines formes, mais sans pour autant tomber dans le vulgaire. Ta peau est des plus pâles, n'ayant rencontré que peu les rayons du soleil. Tu possèdes une longue chevelure corbeau, lisse et bien entretenue. Comme pour beaucoup de femmes, tes cheveux ont tendance à boucler face à l'humidité. Tu n'aimes pas vraiment les attacher, donc tu les laisses tel quel, détachés. Tu as le visage fin, dont tu ne laisses filtrer que peu d'émotions, un visage de poupée.

Tu es bien jolie Eve, mais ça, tu ne le sauras jamais. Ou du moins, on te l'a déjà dit, mais tu ne pourras jamais le voir. Car derrière tes envoûtantes prunelles cyans se cache un secret que tu n'as pas honte d'exposer : Tu es aveugle. Ce qui explique cette sensation de vide que tes yeux peuvent donner. Tu as petit grain de beauté sous l’œil droit.

Ton style vestimentaire n'est pas très vaste, tu te contentes d'un large uniforme scolaire bleu et blanc ou bien d'un classique tailleur noir et blanc. Certes, tu te permets parfois d'autres accoutrements, comme des robes ou d'autres tenues un peu moins classieux, mais cela arrive tellement rarement que ce serait presque futile d'en parler.  

Tu es une personne sur qui l'on peut compter. Grâce à ta gentillesse et à ta douceur. Tu n'es pourtant pas naïve, tu sais que tu auras droit à des trahisons. Mais n'est-ce pas le point central d'une société justement ? Faire confiance ou bien trahir ? Tu continues pourtant de croire aux gens, de croire au monde. Tu sais que tu peux en souffrir, mais tu sais aussi que tu peux tirer les meilleures choses qui soient. Tu affiches le plus souvent des sourires de politesses, mais quand auprès d'une personne qui compte pour toi ou que tu apprécies, il devient peu à peu véritable, authentique.

Malgré ta cécité, tu ne t’apitoies pas sur ton sort. Tu le vis avec la tête haute, considérant ton handicape plus comme une fierté que comme un fardeau. Tu profites de la vie dans ta pénombre personnelle, sachant te montrer des plus autonomes. Cette autonomie s'est accentuée après le développement de ta mutation : l'écholocalisation. Mais pourtant après cela, tu continues toujours de maintenir cette habitude que tu as, qui est de toucher chaque chose, chaque être qui t'entour. Tu as besoin de cette consistance que te procure le toucher, pour mieux comprendre le monde autour de toi.  

Tu apprécies beaucoup les sons en général : la voix d'une personne, le cri des animaux, le bruit du vent. Toutes ces petites choses t'intéressent et t'apaisent. Cependant, il y a une chose que tu aimes par-dessus tout, la musique. Tu aimes chanter et jouer d'un instrument. Tu joues principalement du violon, mais tu ne peux t'empêcher de produire des sons avec les objets du quotidien. Comme taper en rythme sur une rambarde ou bien simplement du pied au sol, un petit jeu de percussion personnel.

Tu es Eve Dubois, une française née un 3 décembre. Tes parents étaient des chasseurs de trésors, principalement aquatique. Ils ne quittent presque jamais les grandes eaux, vivant pratiquement sur leur bateau, ne rejoignant la berge que pour se ravitailler en nourritures et autres besoins matériels. Et c'est dans ces conditions dans lesquelles tu es née : sur un bateau, en haute mer, avec une hygiène peu élevée et aucun aide médicale à bord. Ce n'était pas étonnant ce qui s'en ai suivit. Tu as survécu, chose étonnante, mais avec une défaillance : tu es aveugle.

Suite à cela, tes parents ont pris une grande décision : t'enfermer dans les appartements du navire et ne jamais te laisser en sortir. Trop dangereux, disaient-ils. Mais la vérité était telle : trop contraignant, pensaient-ils. Tu ne pouvais pas connaître le monde extérieur, mais tu ne pouvais pas t'en plaindre. Quand ils avaient du temps "libre", ils t'éduquaient, s'occupaient de toi et parfois même, jouaient avec toi. Cette routine a continué jusqu'à tes 10 ans. À partir de ce moment-là, ils avaient compris que tu savais te gérer toute seule. Tu te contentais de t'asseoir sur le pont et tu laissais certains de tes sens s'amuser. Sentir le vent caresser ta peau, reconnaître l'odeur de la mer, entendre le son des vagues. Ces petites choses te suffisaient.

Un jour, ils ont exceptionnellement accepté de te prendre avec eux pour une escapade en ville. Et c'est là que tu as découvert la merveille qu'était la musique. C'était en passant dans une rue inondée d'artiste. C'était magique, tu avais l'impression de rêver. Suite à cela, tu n'as cesser de taper différents rythmes sur n'importe quel support du bateau. Au point d'en faire soupirer d'exaspération tes parents. C'est d'ailleurs cette exaspération qui a fait que tu avais en ta possession un violon, cadeau pour tes 12 ans. Et comme toujours, ton habitude à l'indépendance a triomphé. Tu as sut manier cet instrument en ne te fiant qu'à ton oreille. Ces moments où tu jouais mélodie sur mélodie avec le violon devaient les meilleurs moments de ta vie, juste après la découverte de la musique.

Mais à tes 14 ans. Ton bonheur est bien vite détruit par la colère de la nature. Pris dans une tempête, tes parents et toi ont fait naufrage. Un horrible moment, tu ne comprenais pas ce qui t'arrivais. Tu avais l'impression de suffoquer, mais à cause d'un liquide, jusqu'à en perdre connaissance. Serait-ce ça "se noyer" ? Tu te réveilles plus tard, à leur côté, dans un lieu inconnu. Du moins, tu le devines par leur réaction. Tu ne comprenais rien. Ils s'enfuyaient en te traînant de droite à gauche, sans jamais cesser de courir. Tu ne comprenais pas. Tu ne savais rien. Tu étais inconsciente que vous étiez devenu des cobayes sur Asura et que le jeu de survie a déjà débuté.

Mais tu ne t'en rends compte que très tard, à tes 17 ans, l'étendu de la catastrophe. Tu n'avais fais que de suivre tes parents. Mais... Les voilà mort. Tu ne savais pas comment tu pouvais les voir, mais tu le pouvais. Tu avais d'abord haleter, ensuite renifler, puis sangloter et enfin crier. Au fil de cela, tu voyais, malheureusement, de mieux en mieux le monde qui t'entourait. Puis tu as décidé de te taire. Retour dans l'obscurité. Tu as produit de petits bruits, retour à l'horreur. Tu t'enfuis à toutes jambes, loin de se spectacle, priant de trouver une personne pouvant t'aider. Et c'est ainsi que tu as découvert ta mutation, devant les cadavres de tes parents. Morts de fatigue, littéralement.  

Cours, Eve, cours. Sauve ta misérable vie, dans ce monde qui veut ta peau. Et ne croit en personne. Mais ça, malheureusement, ce sera l'une des seules choses que tu n'assimileras jamais. Et bien soit, fais toi des alliés à la hauteur et espères qu'aucun ne te trahira.